Repenser la carte de presse ? La question a été débattue au cours d’un atelier organisé le mercredi 3 octobre 2012 lors de la 6e édition des Assises du Journalisme. A l’origine, la carte de presse a été créée pour assurer la déontologie des pratiques dans le métier, mais aussi pour protéger la profession (« Loi Brachard » de 1935). Aujourd’hui, ces principes qui ont présidé à sa création semblent quelque peu dépassés par la situation : de plus en plus de personnes participent à l’élaboration de l’information sans l’avoir (édition, web, audiovisuel…), alors que certains journalistes peinent à l’obtenir ou à la conserver. Alors, au-delà de sa valeur affective et symbolique, la carte de presse a-t-elle encore du sens ? Faut-il la réformer ? |
Pour répondre à ces questions, Eric Marquis (SNJ), ancien président de la Commission de la Carte, Richard Lavigne (SPQD), actuel président, Jacques Morandat, directeur de la Commission supérieure de la Carte, Raphaël Baldos, président de « Profession : Pigiste », et Denis Ruellan, chercheur, ont accepté de confronter leurs points de vue dans cet atelier animé par Loïc Hervouet. Bilan et esquisses de réformes pour l’avenir.
La situation actuelle
La CCIJP a pour « bible » la loi de 1935, qui définit le journaliste. Lors de l’atelier, il a été convenu qu’il serait intellectuellement utile d’enrichir son actuelle définition tautologique, notamment par une mention de la « nature » du travail journalistique.
Mais il a été également souligné le risque que comporte cet enrichissement qui pourrait aussi revenir à ouvrir la boîte de Pandore. Malgré tout, l’atelier, ayant inventorié les multiples aspects de mise en œuvre des critères d’attribution de la carte, a dressé deux pistes d’améliorations techniques :
– Prendre en compte, pour l’attribution de la carte, les revenus d’origine étrangère et les revenus de nouvelles formes de journalisme (prix, édition, crowfunding, etc.).
– Renforcer la coopération entre la CCIJP et la CPPAP.
La dimension déontologique
La CCIJP rappelle qu’elle n’a pas de vocation éthique reconnue, mais que, malgré tout, juger de l’attribution de la carte en revêt évidemment une, qu’on le veuille ou non.
L’atelier convient qu’il serait éthiquement utile d’enrichir l’actuelle dimension déontologique de la Commission, mais souligne en même temps les difficultés d’arriver à un consensus paritaire sur ce thème. Deux pistes sont néanmoins retenues :
– Encourager la Commission à rendre publique sa jurisprudence de refus de la carte liée à des questions sur la nature de l’activité et ses incompatibilités déontologiques.
– Rappeler l’intérêt d’un « observatoire » des pratiques déontologiques, articulé techniquement avec la Commission mais indépendant d’elle, qui analyserait et publierait annuellement au moins un rapport sur les évolutions du métier dans ses dimensions déontologiques. L’activité de « veille » de cet observatoire serait conduite de façon prioritaire, et avec une représentation du public.
Ecouter l’atelier :
Pour en savoir plus :
Lire l’article de Isabelle Hanne, « La carte de presse à débat immédiat », paru dans Libération le 3 octobre 2012
Lire l’article de Joséphine Thomas « Les couacs de la carte de presse », paru sur le site dédié aux Assises des étudiants de l’IUT Information-Communication de Cannes