Grand témoin : Gerard Ryle, responsable de l’enquête « Offshore Leaks »

 

Gerard Ryle, directeur de l’ICIJ était l’un des grands témoins de cette 7e édition des Assises. Le journaliste d’investigation australien est celui par qui les révélations sur les évasions fiscales ont pu voir le jour. Cette enquête baptisée « The Offshore Leaks Project » a duré quinze mois et a nécessité la collaboration de 36 grandes rédactions à travers le monde pour recouper les informations (The Guardian, Le Monde, The Washington Post…).

 

Réécoutez la rencontre en audio

 

 

 

 

Animé par AGNES CHAUVEAU, directrice exécutive de l’Ecole de journalisme de Sciences-Po – productrice à France Culture.

Avec GERARD RYLE, directeur de l’ICIJ (Consortium International des Journalistes d’Investigation) ; FABRICE ARFI, journaliste à Mediapart ; CECILE DEHESDIN, journaliste à Slate.fr

 

Gerard Ryle revient sur l’enquête Offshore Leaks sur Radio Campus

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Revivez en vidéo le débat.

 

 

Source : WebullitionMetz WebullitionMetz / ObsWeb logo obsweb 2

 

Gerard RYLE ICIJ sqQui a créée l’ICIJ, Le Consortium international de journalistes d’investigation ?

Gerard Ryle : L’ICIJ a été créée en 1997 par deux journalistes américains – Chuck Lewis et Bill Kovach. Le concept était simple : ils voulaient réunir les meilleurs journalistes d’investigation afin de travailler sur  des enquêtes qui traversaient les frontières. Il s’agit du projet d’une organisation américaine à but non lucratif appelée « The Center for Public Integrity« . L’ICIJ fait partie de l’organisation mère, mais il fonctionne indépendamment de ses propres projets, en utilisant deux de ses membres et des journalistes indépendants. Il y a aujourd’hui 175 membres dans plus de 60 pays. Certains sont des journalistes célèbres tels que Philip Knightley et David Leigh. D’autres sont de jeunes journalistes d’investigation qui seront certainement célèbres un jour. Nous continuons à inviter de nouveaux journalistes avec qui nous souhaitons travailler.

 

Comment travaillez-vous au sein du Consortium ?

G.R. : Nous sommes un véritable réseau de journalistes d’investigation à travers le monde, géré par une petite équipe basée à Washington. Nous publions les résultats de notre travail sur notre site www.icij.org, mais nous nous appuyons sur d’autres supports. Afin d’assurer un plus grand impact pour nos enquêtes – et pour nous aider à tirer le meilleur de nos petites moyens – nous faisons équipe avec des rédactions dans le monde entier. Ces médias – comme Le Monde, The Guardian, Le Canadian Broadcasting Corporation – sont invités dans les projets à un stade précoce. Ce sont leurs journalistes qui interviennent pour le recoupement de certaines informations.

Cependant, nous n’imposons pas à nos partenaires le sujet dans son ensemble. Toutes les informations sont partagées par les journalistes qui travaillent sur le projet, les décisions éditoriales restent entièrement celles des rédactions. Souvent, les journalistes qui travaillent pour ces médias sont eux-mêmes membres de l’ICIJ. C’est l’avantage de notre système. L’autre différence majeure entre l’ICIJ et les médias traditionnels est que nous faisons appel à des journalistes « locaux » pour traiter un sujet international, là ou d’autres médias auraient envoyé des correspondants à l’étranger.

 

Quels sont les avantages du travail en réseau pour une enquête de cette ampleur ?

G.R. : Ils sont nombreux si le sujet est bon ! De nos jours, beaucoup d’histoires sont « globales » et ont un impact mondial. Notre réseau permet aux journalistes l’accès à des informations qui se révèlent être utiles et pertinentes pour de nombreux pays. Tous les résultats et les informations sont partagés au cours de chaque projet, en utilisant des outils en ligne sophistiqués qui sont fournis par l’ICIJ. Les journalistes ont la possibilité d’apprendre les uns des autres, de partager des méthodes et des technologies nouvelles, et espérons-le, d’émerger comme meilleurs journalistes. C’est aussi une partie de notre mission – préserver et renforcer le journalisme d’investigation dans le monde entier.

 

Sans cette collaboration unique, Offshore Leaks aurait-il pu voir le jour ?

G.R. : Oui, mais nous avons fait beaucoup mieux et gagnés du temps en impliquant autant de journalistes. Nous avons pris soin de ne pas travailler avec des médias concurrents dans chaque pays, afin que les journalistes puissent partager librement leurs découvertes avec l’ensemble de leur rédaction. Il n’ y avait pas de pression. Cette façon de travailler nous l’encourageons, cependant chaque enquête est unique et notre méthode ne pourrait pas fonctionner pour chacune d’entre-elles.

 

Quelles sont les prochaines enquêtes de l’ICIJ ?

G.R. : Nous faisons un travail préliminaire sur plusieurs nouvelles enquêtes, mais nous n’avons pas encore determiné le sujet. Nous continuons à travailler dans le domaine des paradis fiscaux. Nous avons d’autres révélations sur ce projet et nous tenons à terminer celui-ci avant de passer à autre chose.

 

Le fil de Tours

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