Emploi des futurs journalistes : entre espoirs et inquiétudes, ils témoignent

 Employeurs et étudiants en journalisme se sont retrouvés jeudi 16 octobre pour aborder la question du recrutement. Dans un climat d’inquiétude dû au chômage et à la précarité, les professionnels ont pu présenter leurs attentes en matière de compétences. Rencontre avec quatre étudiants qui nous livrent leurs impressions après cette rencontre.

 

L'ensemble des rencontres des journalistes de demain. Crédit Photo : Alexandre La Monaca

 

Êtes-vous inquiets pour votre avenir dans le métier ?

Suzanne Shojaei (en deuxième année de journalisme à Cannes) : Oui, bien évidemment. Je voudrais travailler dans le secteur de la radio, et quand je vois le parcours du combattant pour entrer à Radio France ! Entre le planning et le tour de France des CDD qu’il faut faire avant de pouvoir, peut-être, accéder à un CDI… ça me préoccupe.

Tiphaine Lachaise (en première année à Grenoble) : Si j’avais été trop inquiète, je n’aurais pas choisi ce parcours. Mais j’ai un projet assez précis : devenir journaliste économique européen. Je pense que je n’aurai pas trop de concurrence.

Alexandre Doskov (en première année à Grenoble) : Non, je peux y arriver. J’ai un cerveau, deux bras, deux jambes, je ne suis pas plus bête qu’un autre. Même s’il n’y a qu’une seule place, elle peut être pour moi. De toute façon, on est préparés pour ça.

Valentin Giraud (en troisième année de licence info-com) : Oui je suis assez inquiet, surtout financièrement. Si on veut vraiment trouver quelque chose, il est toujours possible de décrocher des piges ou un travail de correspondant. Mais on n’en vit pas et décrocher un CDI, c’est plus compliqué.

 

Les intervenants vous ont-ils rassurés ?

S.S : Oui, c’était vraiment bien. Ce temps de parole est primordial parce qu’on se pose des milliards de questions sur notre avenir et les débouchés professionnels. On n’a pas souvent accès au sommet de la pyramide, à ces personnes qui vont peut-être nous recruter un jour. Ici, nous pouvons les rencontrer et échanger avec eux, même s’ils n’ont pas la baguette magique pour tout arranger. Mais s’ils prennent le temps de venir et de nous donner des conseils, c’est qu’il y a quand même de l’espoir pour nous. Certes, ils soulignent que c’est un métier difficile d’accès et que l’on passera forcément par la case précarité, ce n’est pas réjouissant mais ça a le mérite d’être clair.

T.L : Je les ai trouvés assez positifs sur l’avenir du métier. Cela nous donne de l’espoir alors qu’on nous parle souvent du chômage et des galères. J’ai envie d’y croire. La pyramide des âges va forcément s’inverser.

V.G : Pas vraiment. Je suis toujours un peu inquiet car j’ai vu de nombreux étudiants qui ont plus de compétences que moi. Si je réussis à faire un master, je serai plus confiant.

 

Les intervenants ont souligné la différence entre les écoles de journalisme reconnues par la profession et les autres formations. Qu’en pensez-vous ?

S.S : En ce qui me concerne, ma formation est reconnue mais c’est un DUT, c’est donc différent des écoles. Je suis convaincue que les professionnels, qui prônent la diversité, nous donneront notre chance. Pour autant, je n’arrive pas à me détacher de cette image : des grosses écoles qui « avalent » les offres d’emploi. Mais je veux croire qu’on est sur un pied d’égalité. La difficulté avec le DUT c’est qu’on est polyvalents mais spécialistes de rien. Mais on approfondit ce que l’on préfère pendant notre temps libre, ça rend autonome. De toute façon, je n’avais pas de licence donc une école n’était pas envisageable.

T.L : C’est quand même mieux d’être dans une école reconnue par la profession. Malgré tout, les professionnels aiment la diversité, donc on a tous nos chances.

A. D : J’ai seulement appris l’année dernière qu’il y avait des écoles reconnues et d’autres pas. J’ai découvert cette espèce de label de qualité. Je me suis donc concentré sur ces établissements, mais je ne sais pas si ça ouvre plus de portes.

V.G : Les étudiants sortis des écoles incarnent l’élite de la profession, et beaucoup d’employeurs privilégient leur profil. Il faut au moins faire un master pour trouver un emploi plus facilement, la licence ne me suffira pas.

 

Les Assises permettent-elles aussi de rencontrer des futurs collègues ?

S.S : Oui, c’est génial. C’est une bouffée d’oxygène car ça fait deux ans qu’on voit les mêmes gens du matin au soir, ça change un peu. On est plusieurs dans la même auberge et étonnamment, il n’y a pas de concurrence. Je suis contente que ça se passe comme ça. Ce qui compte, c’est bien l’esprit d’équipe : un journal ce n’est pas toi + moi + toi… c’est nous.

T.L et A.D : On n’a pas vraiment le temps, on a beaucoup de travail. On préfère rencontrer des employeurs potentiels plutôt que des collègues.

V.G : Non, pas vraiment, je suis plutôt resté avec des gens de ma classe.

 

Propos recueillis par Amandine Pelletier, étudiante Obsweb

Le fil de Tours

Les inscriptions pour la deuxième édition des assises de Bruxelles sont ouvertes !

"L'intelligence artificielle, les médias, l'Europe et moi" Du 20 au 22 Novembre 2024