Arnault Varanne, président du Club de la presse de la Vienne, Brice Perrier, fondateur de la Voix des Allobroges et Pierre France, journaliste-fondateur de Rue89 Strasbourg.
Chaque jour, les journalistes de la presse locale sont confrontés à des pressions plus ou moins fortes, qu’elles soient politiques, économiques, hiérarchiques, populaires… Peut-on encore exercer son métier de localier en 2012 ? Le pluralisme des médias dans une ville est-il une source d’indépendance ? Comment mieux protéger les droits des journalistes dans un contexte de proximité ? Des acteurs de la presse locale sont venus témoigner : Ivan Drapeau, rédacteur en chef-adjoint de La Charente Libre, Pierre France, journaliste-fondateur de Rue89 Strasbourg, Gwenaëlle Guerlavais, rédactrice en chef et cofondatrice de Jeudi tout, Bernard Loche, rédacteur en chef à la direction de l’information régionale de France 3, et Brice Perrier, fondateur de La Voix des Allobroges.
Un atelier animé par par Laurence Chegaray et Arnault Varanne, vice-présidente et président du Club de la Presse de la Vienne.
L’incontournable enjeu financier
Premier constat pour l’ensemble des acteurs, le nerf de l’indépendance reste avant tout financier. Si les acteurs locaux de la presse subissent bien parfois des pressions des politiques, ou des citoyens, ces derniers sont généralement respectueux de l’indépendance de la presse et en ont saisi la portée et les enjeux.
Plus délicate est la relation avec les acteurs économiques, et notamment les annonceurs, qui peuvent influer directement ou indirectement sur la ligne éditoriale. Ainsi, comment critiquer une chaîne de supermarchés lorsque celle-ci est l’un des principaux annonceurs du média ? Un certain nombre de journalistes soulignent également la difficulté que leur posent les partenariats, mais aussi les injonctions d’une hiérarchie de plus en plus focalisée sur la rentabilité, et qui semble parfois perdre de vue l’idée même de liberté de la presse.
Des pistes à explorer
Dans ces conditions, comment conserver une forme d’indépendance ? Pour les acteurs présents, l’indépendance se construit chaque jour, par de multiples petits ajustements, qui permettent de grignoter des marges de liberté. En ne signant pas les articles liés à des partenariats, par exemple. En évitant d’avoir un seul « gros » annonceur, ce qui permet, en cas de pression, de le perdre sans dommage conséquent pour l’équilibre financier de la rédaction. Quel que soit le modèle adopté (associatif, gratuit, payant, en ligne, etc.), l’indépendance de la presse est donc à géométrie variable, chacun se débrouillant avec sa recette… locale.
L’atelier convient cependant qu’un certain nombre de pistes pourraient être explorées pour améliorer la situation :
– Réaffirmer fortement l’indépendance des journalistes de presse locale et que ceux-ci n’hésitent pas à porter ce débat à l’intérieur comme à l’extérieur des rédactions. Imposer un ton, une écriture, auprès des citoyens, des acteurs économiques, des élus, qui ne laissent aucun doute quant à l’indépendance et à l’objectivité du journaliste.
– Que la hiérarchie établisse des règles claires sur la séparation des rôles, notamment dans le cadre des partenariats.
– Développer le mécénat pour être moins dépendants des annonceurs.
– Créer une instance pour plus de transparence au niveau des fonds d’aides publiques, pour clarifier la communication des institutions.
– Repenser les contenus et les formats des médias locaux pour être plus proche des attentes des citoyens.
Ecouter l’atelier :
Pour en savoir plus :
Lire le compte-rendu de l’atelier par Anne-Laure Tricot dans l’article « Information de proximité : une indépendance en péril » sur le site dédié aux Assises 2012 des étudiants de l’IUT Information-Communication de Cannes.
Voir l’interview de Gwenaëlle Guerlavais, cofondatrice et rédactrice en chef de Jeudi tout, réalisée par le Club de la Presse du Val de Loire :