La remise des « Prix des Assises » a été l’un des moments forts des Assises Internationales du Journalisme et de l’Information. Nous avions décidé pour cette nouvelle édition d’attribuer 3 « Prix des Assises ».
Les deux premiers récompensent les livres « qui interrogent le mieux le journalisme et sa pratique ».
– L’un dans la catégorie « Document » est l’œuvre d’un journaliste. Après un scrutin très serré, c’est Jean-Paul Mari avec Sans blessures apparentes qui a été choisi.
– L’autre, dans la catégorie « Recherche » est l’œuvre d’un chercheur ou d’un universitaire. Ce prix a été attribué à Julie Sedel pour son livre Les Medias & la Banlieue.
Un seul et même jury a récompensé les ouvrages sélectionnés dans ces deux catégories. Pour ce faire nous avions décidé d’élargir le jury à des chercheurs en médias qui se sont joints à la discussion. Après Edwy Plenel en 2007 et Bruno Frappat en 2008, cette année c’était au tour de la journaliste Audrey Pulvar d’être la Présidente du jury.
Le troisième Prix des Assises a pour particularité d’être sélectionné par un jury composé des étudiants de toutes les grandes écoles de journalisme. Il distingue le premier livre d’enquête ou d’investigation écrit par un journaliste. Cette année, c’est Luc Folliet pour son ouvrage Nauru, l’île dévastée qui a été choisi quasiment à l’unanimité.
Composition du Jury :
Présidente : Audrey PULVAR (Journaliste et présentatrice – I-Télé)
Entourée de :
Claire Blandin (Maître de conférences – Université Paris 12)
Christian DELPORTE (Professeur des universités – Université de Versailles / St-Quentin-en-Yvelines)
Sandrine Lévêque (Maître de conférences – Université Paris 1)
Franck Rebillard (Maître de conférences – Université Lyon 2)
Livres en compétition dans la catégorie « Document » :
Lauréat du Prix des Assises 2009: Jean-Paul Mari (grand reporter au Nouvel Observateur) : Sans blessures apparentes (Robert Laffont, octobre 2008)
Depuis trente ans, Jean-Paul Mari a couvert toutes les guerres du globe. Il a parcouru les champs de bataille, de l’Irak au Rwanda, du Moyen-Orient à la Bosnie. Les plus grandes peurs comme les courages les plus admirables ont passé sous ses yeux. Il raconte. Que peut-on faire de la douleur de la guerre ? Cette question obsédante, il l’a posée à des médecins qui tentent de rendre à la vie ceux qui ont vu la mort et s’en sont sortis « sans blessures apparentes »
Florence Aubenas (grand reporter), Petite conférence sur le journalisme (Bayard Centurion, mai 2009)
Loin du spectaculaire, de quoi est fait le métier de grand reporter, aussi bien au quotidien que dans le drame et l’émotion ? La vie de Florence Aubenas se confond à ce métier et en reflète les exigences, les joies, les dangers aussi, de Bagdad à Kaboul. Dans une petite conférence au théâtre de Montreuil reprise dans ce livre, elle raconte ses débuts, son premier reportage, presque par hasard, et la passion qui tout de suite est née.
François Dufour (rédacteur en chef du Petit Quotidien), Les journalistes français sont-ils si mauvais ? (Larousse, janvier 2009)
Chaque jour, en France, les pics d’audience dans les médias sont atteints grâce aux infos : les journaux du matin à la radio, les JT du soir, et les news sur internet. Dans le même temps, des journalistes accumulent les fautes (affaires Grégory, Baudis, d’Outreau, drame inventé du RER D, faux sms de Nicolas à Cécilia, scoop raté du décès de Pascal Sevran, etc.). Les journalistes français sont-ils donc si mauvais ? La réponse dépasse largement ces (grosses) bourdes connues du grand public…
Pierre Haski (président de Rue89), Internet et la Chine (Seuil, mai 2008)
Le gouvernement chinois a compris très tôt qu’il lui fanait épouser Internet: la modernité économique passait par là. Mais les dirigeants communistes avaient aussi compris qu’il leur fallait surveiller étroitement ces » tuyaux » potentiellement dangereux. Internet, avec ses 200 millions d’utilisateurs et ses 50 millions de blogs, ses forums et ses chats, est en train de changer la société, la manière dont les Chinois s’informent, débattent, communiquent, dans un univers certes sous surveillance et sous contrôle – la Chine détient le record du nombre d’internautes en prison pour délit d’opinion – mais plus libre que le reste de la société.
Laurent Joffrin (directeur de Libération), Média-paranoïa (Seuil, janvier 2009)
Il faut critiquer les médias. La mise en cause des pratiques journalistiques est utile ; la dénonciation des erreurs, des trucages, des manipulations, est précieuse, élémentaire même. Mais le réquisitoire repose bien souvent sur des idées reçues. On dit partout : les médias mentent ; ils sont sous contrôle ; ils propagent une « pensée unique ». Ces clichés dessinent ce qu’on peut légitimement appeler la média- paranoïa. Non seulement ils forment le socle des croyances collectives en la matière, mais ils reçoivent le renfort d’universitaires et de politiques en mal de notoriété ou de boucs émissaires. Heureusement pour la démocratie, ces idées sont pour l’essentiel fausses ou caricaturales. Cet essai a pour but de les réfuter. Pour ouvrir la voie à une vraie critique du journalisme, il faut en finir avec la média-paranoïa.
Bruno Masure (journaliste), Journalistes à la niche ? : De Pompidou à Sarkozy, chronique des liaisons dangereuses entre médias et politiques (Hugo et Compagnie, janvier 2009)
Dans cet ouvrage, Bruno Masure livre sa propre expérience de ces liaisons dangereuses à travers son vécu quotidien du choc des mondes médiatique et politique de 1973 à nos jours, de Pompidou à Sarkozy en passant par Giscard, Chirac et Mitterrand (et leurs nombreux collaborateurs). Au fil des jours et des anecdotes, ce recensement dévoile les complicités plus ou moins avouables, les secrets, les amitiés et les inimitiés, les jalousies, les méchancetés, les petites lâchetés et les grandes trahisons de ces 35 dernières années.
Philippe Merlant (journaliste à La Vie), Luc Chatel (rédacteur en chef de Témoignage chrétien), Médias : La faillite d’un contre-pouvoir (Editions Fayard, octobre 2009)
Combien faudra-t-il encore d’affaires comme celles du « bagagiste de Roissy » ou du « RER D » pour que les journalistes s’inquiètent du foss » qui se creuse entre eux et les citoyens? Pour tenter de comprendre les raisons de cette défiance, Philippe Merlant et Luc Chatel nous invitent à visiter l’envers du décor. Ce livre décrit de manière très concrète les conditions de formationdes journalistes et de fonctionnement des rédactions, montrant notamment les impératifs de rentabilité ont des impacts sur les différents maillons de la chaîne.
Jean Miot (ancien président de l’AFP), La passion de la presse (Editions du Rocher, octobre 2008)
De La Gazette de Théophraste Renaudot (1631), le père fondateur, au journal en ligne, voici » les histoires » de la presse, les portraits de ces entrepreneurs et de ces journalistes qui ont fait la presse française. La crise de la presse ? La France est le premier producteur mondial de magazines, mais elle se traîne au 29e rang pour la lecture des quotidiens. C’est la presse quotidienne qui est malade. Les causes et les responsables ? Les patrons, cela va de soi ; le syndicat du Livre CGT ; tout le monde le sait ; mais il ne faudrait pas oublier les journalistes. La réponse est aussi dans l’Histoire récente : c’est » le péché originel » de la presse française, commis à la Libération, après qu’elle a été tondue et spoliée.
Bernard Poulet (rédacteur en chef de l’Expansion), La fin des journaux et l’avenir de l’information (Gallimard, février 2009)
Montée en puissance d’Internet, migration des budgets publicitaires et des petites annonces vers les médias électroniques, désaffection du jeune public pour l’écrit, culture du tout-gratuit… Telles sont quelques-unes des tendances lourdes de la révolution en cours de la presse écrite qu’analyse le journaliste Bernard Poulet. Des États-Unis à l’Europe et à la France, il dresse le constat d’une industrie sinistrée, qui, se voyant doublement délaissée par le public et les annonceurs, ne fait plus assez de bénéfices pour rester viable et accumule les plans de rigueur et les licenciements, quand ce ne sont pas les faillites.
Daniel Schneidermann (directeur du site arretsurimages.net), C’est vrai que la télé truque les images ? (Albin Michel, octobre 2008)
Est-on obligé de sourire quand on interviewe un président qu’on n’aime pas ? ; Pourquoi les magazines font-ils toutes leurs couvertures sur Carla Bruni et les people, même quand ils n’ont rien à dire ? ; Qui fait davantage pression sur les journalistes : les ministres ou les annonceurs ? ; Pourquoi les journaux parlent-ils surtout des livres des journalistes ? Les vraies questions sortent de la bouche des enfants. En répondant à celles de sa fille Clémentine, lycéenne de 17 ans, Daniel Schneidermann révéle les secrets de fabrication des médias.
Livres en compétition dans la catégorie « Recherche » :
Lauréat de l’édition 2009: Julie Sedel (Docteure en sociologie ) : Les Medias & la Banlieue (Bord de l’Eau, avril 2009)
À la fin des années 1990, le traitement journalistique des quartiers populaires périphériques s’est focalisé sur des faits de violence impliquant des jeunes hommes issus de l’immigration. Pourquoi l’attention des journalistes s’est-elle portée sur cette fraction de la population des cités ? Ce livre se propose d’y répondre à travers l’étude des quartiers populaires et des logiques journalistiques. Loin d’être statique, la médiatisation apparaît comme un processus à l’intérieur duquel les médias sont de plus en plus devenus des acteurs de la réalité sociale qu’ils prétendent seulement « enregistrer » ou « photographier ».
Collectif : L’héritage fragile du journalisme d’information (PU Laval, novembre 2008)
Que reste-t-il du journalisme d’information? Consultés au cours de l’automne 2006, des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs de la région de Québec portent un regard critique et lucide sur l’identité plurielle des nouvelles produites tous les jours par les médias généralistes. Leur attachement à un modèle idéal de journalisme noble, désintéressé et au service de la démocratie n’a d’égal que leur perplexité face à la mixité croissante des catégories médiatiques et des genres journalistiques. Souvent incapables de définir avec précision ce qu’on appelle aujourd’hui « le journalisme », le discours des récepteurs laisse plutôt poindre un sentiment général de dégradation des pratiques professionnelles.
Collectif : Les Médias en Méditerranée : Nouveaux médias, monde arabe et relations internationales (Actes Sud, avril 2009)
Ce livre se propose de penser, à partir d’une analyse comparée, la place des médias dans les sociétés méditerranéennes. Il offre de nombreux éléments et différents angles d’approche pour questionner leur rôle sur la scène politique et tenter de comprendre comment ils peuvent modifier les comportements. Les Médias en Méditerranée, ou comment penser les relations internationales à partir de nouveaux acteurs et de nouveaux regards.
Marc-Francois Bernier (professeur au Département de communication de la Faculté des arts de l’Université d’Ottawa), Journalistes au Pays de la Convergence (PU Laval, décembre 2008)
Cet ouvrage présente les conclusions d’une vaste enquête menée principalement auprès de journalistes à l’emploi de Quebecor, Gesca et de la Société Radio-Canada. Autocensure, autopromotion, détournement de la mission de service public du journalisme afin de satisfaire la soif de profit des actionnaires, malaise, voire détresse professionnelle, sont au programme.
Benoît Grevisse (chercheur à l’université de Louvain en Belgique), Ecritures journalistiques : Stratégies rédactionnelles, multimédia et journalisme narratif (De Boeck, octobre 2008)
Manuel de cours de pratique de presse écrite, Ecritures journalistiques conduit à la maîtrise des techniques fondamentales de la recherche et du traitement de l’information. Au-delà de cet apprentissage, il détaille les techniques les plus récentes d’adaptation de l’écriture aux nouveaux défis des entreprises de presse, selon trois axes : la stratégie rédactionnelle, qui envisage l’écriture en tant que technique individuelle et collective, sous l’angle de l’adéquation d’un produit de presse à son public ; le journalisme multimédia, qui impose une nouvelle conception de l’écriture de presse privilégiant la mise en valeur de l’information ; le journalisme narratif, qui permet de concevoir un rapport à un lecteur autonome, de s’affranchir d’un journalisme formaté et de poser la question de la responsabilité sociale de l’information.
Nicolas Hubé (Maître de conférences en science politique à la Sorbonne), Décrocher la « Une » : Le choix des titres de première page de la presse quotidienne en France et en Allemagne (PU Strasbourg, juillet 2008)
Analyse comparée des règles professionnelles journalistiques, des codes de représentation de la politique, des normes linguistiques et des manières de parler de politique en France et en Allemagne. L’auteur montre également le poids exercé par la structure des espaces publics sur le journalisme.
Composition du Jury étudiant :
Livres en compétition pour le Prix du premier livre d’investigation ou de reportage écrit par un journaliste :
Lauréat de l’édition 2009: Luc Folliet «Nauru, l’île dévastée» (La Découverte)
Nauru est une île du Pacifique et c’est la plus petite République du monde, apparemment semblable à des dizaines d’autres. Elle fut même, dans les années 1970-1980, l’un des pays le plus riches du monde. Aujourd’hui, Nauru est un État en ruine, une île littéralement dévastée. L’ouvrage raconte cet incroyable effondrement.
Renaud Saint-Cricq et Fredéric Gerschel, Canal Sarkozy (Eyrolles)
Une enquête sur les liens entre Nicolas Sarkozy et la télévision : la réforme de France Télévisions, le licenciement de PPDA, la nomination du PDG de France Télévisions, celle de Patrick Sabatier sur France 2 mais aussi ce que regarde le Président avant de se coucher, pourquoi il déteste les Guignols, etc.
Nicolas Barotte et Sandrine Rigaud, PS Coulisses d’un jeu de massacre (Plon)
Une enquête critique sur la nouvelle génération de cadres du Parti Socialiste : Hamon, Moscovici, Peillon, Désir, Dray, Montebourg et Valls. Leurs parcours, leurs amitiés, leurs divergences, leurs ambitions se dessinent en toile de fond de l’affrontement entre Martine Aubry et Ségolène Royal à la tête du parti.
Stéphanie Braquehais, Paris – N’djamena, allers-retours (L’Harmattan)
Stéphanie Braquehais pose ses bagages dans la capitale tchadienne. Elle observe, note ou critique les modes de vie de la population comme les dérives du gouvernement tchadien. Ce livre est une chronique douce-amère qui donne envie d’aller découvrir ce «point infime» au coeur de l’Afrique d’aujourd’hui.
Guillaume Delacroix, Enquête sur le patronat (Plon)
Où est passé l’argent de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) ? Pourquoi le patronat distribuait-il des millions d’euros en liquide ? Qui est ce Denis Gautier-Sauvagnac que les français découvrent à la télévision en septembre 2007, quand le scandale éclate au grand jour ? Autant de questions auxquelles tente de répondre ce livre.
Alexandre Levy, Le gang des barbares (Hachette)
Le 21 janvier 2006, les policiers localisent pour la dernière fois le portable d’Ilan Halimi. Trois semaines de filatures, de tâtonnements, de fausses pistes et d’opérations ratées n’y feront rien : le 13 février, Ilan Halimi est retrouvé mourrant. Témoignages, entretiens reconstitutions, une enquête au coeur d’un ratage policier…
Pierre Daum, Immigrés de force (Actes Sud)
Enquête sur ces Indochinois qui furent envoyés en France à partir de 1939 pour travailler comme ouvriers au sein des usines d’armement. Vingt mille hommes auraient été ainsi recrutés de force et répartis sur toute la France. Aucun salaire réel ne leur aurait été versé et ils auraient été renvoyés peu à peu dans leur pays à partir de 1946.
Thierry Butzbach et Morgane Railane, Qui veut tuer la dentelle de Calais ? (Les Lumières de Lille)
Industrie emblématique du Nord-Pas-de-Calais, la dentelle connaît depuis 20 ans dépôts de bilan et plans de licenciements. L’ouvrage se veut une enquête exhaustive sur la production dentelière, nourrie de nombreux témoignages et d’explications enrichissantes.