Nous, Reporters sans Frontières (RSF) et la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), réunis ce vendredi 16 février 2024 par l’association Journalisme & Citoyenneté à l’Institut du Monde Arabe pour une journée de dialogue entre les journalistes des deux rives de la Méditerranée, lançons un appel solennel à la communauté internationale pour que cesse le carnage contre le journalisme à Gaza et qu’enfin la presse internationale puisse y accéder afin de documenter la terrible réalité de ce conflit.
Chaque jour depuis plus de 4 mois, les journalistes palestiniens mettent leurs vies en danger pour informer le monde sur la situation à Gaza et en Cisjordanie. Un véritable massacre de confrères et consœurs a eu lieu puisque le chiffre, terrifiant, avoisine la centaine. Certains ont été ciblés. Nombre d’entre eux ont été grièvement blessés, ont perdu des membres de leur famille, ont vu leurs maisons détruites ou ont été déplacés. Les journalistes survivants continuent héroïquement à exercer leur métier. Ils vivent sous la menace permanente des bombardements israéliens, voire des attaques délibérément ciblées, comme l’a démontré l’enquête de RSF concernant le journaliste de Reuters, Issam Abdallah, tué au Liban le 13 octobre 2024.
Le bilan de ces quatre mois de guerre sur le journalisme à Gaza est terrifiant. À ce jour, les journalistes n’ont plus aucune échappatoire ni refuge. Forcés, depuis le 7 octobre, à fuir vers le sud de l’enclave, la grande majorité d’entre eux ont dû se réfugier à Rafah, où le point de passage avec l’Égypte leur est toujours fermé et où l’invasion de la ville risque de provoquer un nouveau bain de sang. Rafah était pourtant qualifiée par Israël de “zone de sécurité” au début du conflit.
Nous, organisations et journalistes des deux rives de la Méditerranée, condamnons fermement cette volonté d’éradication du journalisme palestinien et du droit à l’information à Gaza par l’armée israélienne. Nous appelons les États et les organisations internationales à faire pression sur Israël pour que cesse ce carnage.
Nous exigeons d’Israël que son gouvernement :
- donne en toute urgence des instructions fermes et explicites aux forces armées de respecter strictement ses obligations en vertu du droit international humanitaire sur la protection des journalistes ;
- ouvre les portes du poste-frontière de Rafah afin de permettre enfin l’entrée de médias internationaux dans Gaza et l’évacuation des journalistes palestiniens qui souhaitent en sortir ;
- définisse des zones refuges pour mettre à l’abri les journalistes qui couvrent le conflit depuis la bande de Gaza ;
- facilite l’acheminement de matériel de protection et d’équipements professionnels pour les journalistes qui continuent leur travail dans et autour de la zone de conflit
Depuis l’Institut du Monde Arabe à Paris, nous, organisations et journalistes des deux rives de la Méditerranée, exprimons notre solidarité pour nos consœurs et confrères palestiniens, et rendons hommage à celles et ceux qui sont morts pour nous informer.
Signataires
Organisations
Reporters sans frontières (RSF)
Fédération internationale des journalistes (FIJ)
Journalisme et Citoyenneté (J&C)
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