Quel avenir pour le journalisme de qualité en Tunisie ?

80 journalistes tunisiens réunis à l’occasion d’une rencontre Sahafa Med

Alors que la situation des médias s’est particulièrement dégradée ces derniers mois en Tunisie, 80 journalistes tunisiens étaient réunis samedi 7 septembre à Tunis dans le cadre d’une rencontre organisée par Journalisme & Citoyenneté dans le cadre du programme Sahafa Med, en partenariat avec le Syndicat National des journalistes Tunisiens (SNJT), la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF).

La matinée a donné lieu à des échanges sur la situation actuelle du journalisme en Tunisie dans le contexte de la prochaine élection présidentielle. Les différents intervenants, Zied Dabbar, Président du SNJT, Osssama Bouagila, chargé du plaidoyer pour l’Afrique du Nord à RSF, Manoubi Marouki du Conseil de Presse tunisien et Walid Mejri, directeur du média en ligne Al Qatiba, ont débattu sur les moyens pour développer le journalisme de qualité en Tunisie. Ils sont également revenus sur les différentes atteintes contre la liberté d’expression en Tunisie au cours des derniers mois. Ces atteintes se sont traduites par des arrestations et des emprisonnements de journalistes qui encouragent l’auto-censure au sein de la profession. La situation économique des médias et l’absence de politique publique pour le secteur ont également été évoquées lors de cette réunion. Selon Zied Dabbar, les problèmes économiques menacent aujourd’hui 80% des médias tunisiens.

Au cours de la journée, les journalistes tunisiens ont par ailleurs rendu hommage aux journalistes palestiniens à l’occasion d’une session dédiée à la couverture de la guerre à Gaza. Trois journalistes basés au centre du syndicat des journalistes palestiniens (PJS) de Khan Younès dans la bande de Gaza ont échangé à distance avec leurs confrères tunisiens. L’impossibilité de l’accès à la bande de Gaza pour les journalistes internationaux a été dénoncée. Anthony Bellanger, Président de la FIJ, a rappelé qu’un appel de soutien aux journalistes de Gaza réclamant l’accès au terrain pour la presse avait été lancée en février 2024 à Paris par la FIJ, RSJ et Journalisme & Citoyenneté.

La troisième partie de la journée était consacrée au thème de la coopération internationale dans le secteur des médias. Zied Dabbar, SNJT, Sadok Hammami, Directeur de l’Institut de la Presse et des Sciences de l’Information de Tunisie, Mouna Mtiba, experte médias et Mohamed Chmengui Taieb, Responsable de la radio Dreams FM, ont dressé le bilan des différents projets et programmes dont ont bénéficié les médias tunisiens ces dernières années. Les intervenants s’accordent sur la nécessité de revoir en profondeur l’approche et les méthodes concernant la formation en faisant notamment appel à des formateurs locaux qui connaissent le contexte et en privilégiant la formation des journalistes au sein des médias plutôt que dans des salles de formation. Le Président du SNJT a pour sa part indiqué qu’il est nécessaire de soutenir des médias innovants, créés sous la forme de start up. Il a également indiqué que les programmes et projets d’appui devraient aussi renforcer le soutien (outils, formation) en matière de sécurité et cybersécurité des journalistes. Alors que le journalisme en Tunisie fait face depuis plusieurs mois à des vents contraires, cette rencontre a permis aux journalistes tunisiens d’échanger sur les enjeux, perspectives et défis de leur secteur et d’exprimer leur solidarité avec leurs confrères palestiniens.

Revue de presse : https://realites.com.tn/fr/snjt-80-des-medias-tunisiens-risquent-de-fermer-pour-des-raisons-economiques/

Tunisie : 80% des entreprises médiatiques menacées de disparition
SNJT – Zied Dabbar: « Le journalisme de qualité s’impose comme un réel défi pour assurer la stabilité d’un secteur en difficulté »

Crédit photos : SNJT et Journalisme & Citoyenneté

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