Monétiser l’info en ligne, oui mais comment?

Ce fut l’un des ateliers phares de cette édition 2012 des Assises. Emmené par le journaliste et consultant Erwann Gaucher, l’atelier « Nouveaux médias : comment faire payer l’info » réunissait mercredi 3 octobre à Poitiers Pierre Haski, fondateur de Rue89, Philippe Laloux digital manager du Soir.be, Bruno Jauffret responsable du développement web de La Voix du Nord et Olivier Clech, rédacteur en chef du Télégramme

Sans oublier 150 journalistes et étudiants, curieux d’en savoir plus sur les stratégies gagnantes, et perdantes, car il y en a eu beaucoup ces dernières années, de monétisation de l’info.

 

 « On a un peu trop pris les internautes pour des imbéciles. Il ne suffit pas de mettre son journal en pdf pour qu’ils payent« . C’est l’un des avertissements principaux de Philippe Laloux, digital manager du site du quotidien belge Le Soir. Faire payer l’info, oui mais à condition d’apporter une réelle plus-value, sans pour autant se priver d’une vitrine gratuite qui continue de donner envie et d’assoir son audience.

Encore faut-il être capable d’identifier le nombre d’internautes suffisamment accrocs à l’info pour être prêts à mettre la main au portefeuille. Un chiffre que l’on estime entre 5 et 10% pour un média généraliste. Ainsi Bruno Jauffret confie que sur 2 millions de visiteurs mensuels du site La Voix du Nord, 100 000 l’intéressent vraiment pour monétiser l’info.

Investir avant d’espérer monétiser

Pour convaincre cette cible de sortir sa carte bancaire, encore faut-il lui proposer un vrai plus éditorial, sans appauvrir le « wall » d’infos gratuites. En clair, ne pas déshabiller Paul pour habiller Jacques. C’est en cela, que trop souvent, la stratégie des sites d’information a manqué d’ambition.

L’exemple de la nouvelle édition payante quotidienne du soir.be lancée le 2 octobre est à ce titre intéressante : différente du quotidien papier et du flux d’info du site gratuit, spécialement pensée pour les tablettes, très éditorialisée et réservée aux abonnés, elle a nécessité la mise en place d’une équipe spécifique, en charge de ce nouveau produit à destination des internautes qui payent. « Bref, Le Soir investit dans les compétences humaines pour gagner de l’argent.
Là aussi, dans le défi de la monétisation, on a sans doute trop souvent réduit les investissements à des questions techniques, d’outils. Faut-il rappeler que l’un des rares acteurs de l’info en ligne à gagner de l’argent, Médiapart, n’est sans doute pas celui qui a mis le plus cher dans son outil, mais plutôt dans ses équipes ? » nous résume Erwann Gaucher dans la synthèse qu’il a faite de cet atelier sur son site…

Edition de magazines tablettes(Rue89, Slate), de livres numériques (Owni, Médiapart), création d’applications musicales payantes (Les Inrocks), l’atelier a aussi été l’occasion de revenir sur toutes ces expérimentations très récentes, en matière de diversification d’activités. Avant de conclure sur la possibilité de faire payer les FAI (Google pour ne pas le nommer), grand débat de l’automne qui agite le microcosme médiatique. Mais au fait, et les annonceurs dans tout ça? A-t-on définitivement renoncé à se financer par la publicité sur Internet?

Pour lire toute la synthèse d’Erwann Gaucher, publiée sur son site : Sites d’info : et maintenant qui va payer?

 

Mais aussi, le papier d’Isabelle Hanne, journaliste à Libération : A Poitiers, l’info ça va se payer

Ou encore le compte-rendu de Pierre Rigo sur frenchweb.fr : Quand le gratuit ne paie plus

 

Ecouter l’atelier

 

Voir aussi l’interview en vidéo de Bruno Jauffret par le Club de la Presse du Val de Loire

Le fil de Tours

Vous aussi, Participez à notre enquête

Un Panthéon du Journalisme, en France et en Europe.

Quelles sont les 10 personnalités de l’histoire du Journalisme français qui incarnent le mieux, selon vous, les valeurs de notre métier ?

Quel·les sont les journalistes, aujourd’hui disparu·es, qui ont forgé votre imaginaire ? Vous ont fait rêver ? Vous ont peut-être donné envie de faire ce métier ?

Des journalistes dont l’œuvre ou la vie ont incarné nos valeurs, vous ont servi de repères ?

Qui sont ces "grand·es" journalistes en somme à qui notre communauté professionnelle est «reconnaissante » ?

L’association Journalisme & Citoyenneté, organisatrice des Assises du Journalisme de Tours, de Tunis et de Bruxelles, vous propose de participer à la création du PANTHEON du JOURNALISME, en France d’abord, en Europe ensuite, pour honorer ces femmes et ces hommes qui ont marqué ce métier de leur empreinte.

Pour participer, rien de plus simple. Choisissez dans la liste sur la page suivante les 10 personnalités qui méritent à vos yeux de rentrer en priorité dans ce Panthéon laïc et numérique.

Objectif : Identifier celles et ceux qui nous rassemblent. Contribuer à les faire mieux connaitre, avec la conviction que dans cette période de doute sur sa légitimité, notre métier a plus que jamais besoin de se raccorder à son histoire.

Nous partagerons les premiers résultats de cette consultation lors de la seizième édition des Assises du journalisme à Tours le 30 mars 2023.

Nous lancerons ensuite la démarche au niveau européen en proposant aux journalistes des 26 autres pays de l’UE de s’associer à l’initiative avec l’ambition de présenter le Panthéon des Journalistes Européen lors de la deuxième édition des Assises de Bruxelles à l’automne 2024.

En fonction de la dynamique créée, un groupe de travail proposera les évènements, les colloques, les publications qui permettront de valoriser au mieux l’histoire et l’œuvre des journalistes Panthéonisés.

Pour suivre le développement du projet, vous pouvez vous inscrire à la newsletter journalisme.com.