Jeunes et médias: choix éditorial ou effet d’aubaine ?

Jeunesse et médias entretiennent des relations ambiguës : côté éditeurs et journalistes, le sentiment d’un désintérêt des jeunes pour la presse ; côté jeunes, le ressenti d’une image stigmatisante et négative de leur génération. En réponse à ce désaccord, l’année 2011-2012 a vu fleurir des initiatives remarquables de journalisme participatif entre jeunes et professionnels. Quel avenir pour ces expériences ? Et surtout : quel intérêt ? Associer les jeunes au traitement éditorial, est-ce un luxe, un effet d’aubaine ou un vrai choix ? Telles étaient les questions auxquelles devait répondre cet atelier organisé par le collectif associatif « Stop aux clichés sur les jeunes » (Anacej, Jets d’encre, Réseau national des Juniors Associations).

 

Avec la participation d’Eric Valmir chargé de l’émission « Les jeunes dans la présidentielle » sur France Inter, accompagné d’Arthur Capronnier un jeune de l’émission, Edouard Zambeaux, responsable « Le Bondy Blog café » saison 2011/2012, Patrick Apel-Muller directeur de la rédaction de l’Humanité, qui a mis en place la page « Libres-Echanges », accompagné par Ambrine Wiart qui y a participé.

 

Compte-rendu de l’atelier par le collectif « Stop aux clichés » :

« Malgré des formats très différents, les trois projets exposés par les intervenants ont tous des traits communs : ils donnaient (ou donnent encore) une grande liberté aux jeunes mais sont exigeants sur la forme. Ce qui veut dire du temps passé avec les jeunes pour les former et leur apprendre à être lu ou entendu. Autre point commun, et non des moindres : le succès rencontré par ces programmes. Par exemple, le numéro de l’Humanité réalisé uniquement par des jeunes est le mieux vendu de l’année, de même, l’émission « Les jeunes dans la présidentielle » a battu des records d’audience, et le Bondy Blog Café a été un succès. L’expérience est à chaque fois très enrichissante pour les jeunes.

Selon Eric Valmir, les problèmes rencontrés pour réaliser ces projets ont essentiellement reposé sur « la défiance des jeunes envers les médias et l’appréhension des personnalités politiques qui ont du mal à se défaire de la langue de bois ». Il explique également que c’est un investissement personnel très important. Edouard Zambeaux insiste sur la méthodologie : le temps nécessaire important pour ce genre de projet. On aurait pu penser que les coûts seraient un frein à ces projets, notamment en période de crise, à la fois économique et sectorielle, avec une presse de plus en plus fragile. Mais Patrick Apel-Muller est catégorique. Pour lui, il s’agit au contraire d’un investissement, et non d’une question de moyens financiers. Cela ne constitue pas une difficulté particulière pour les grands médias.

Durant le débat, l’éducation aux médias a été abordée. A en croire Edouard Zambeaux et Eric Valmir leurs projets n’ont pas vocation de faire de l’éducation aux médias. Les jeunes apprenent sur le tas, on leur apporte des compétences techniques, on leur permet surtout de prendre la parole. Les émissions du « Bondy Blog Café » et « Les jeunes dans la présidentielle » s’arrêtent car elles parlaient exclusivement de la campagne électorale. Le programme « Libres-Echanges » mis en place par l’Humanité, lui, continue. Mais tous s’accordent à dire qu’il est important de se renouveler, ce n’est pas intéressant de reproduire le même format. Pour répondre à la problématique posée par l’intitulé de l’atelier, Patrick Apel-Muller explique que ce type de projet est souvent considéré comme un effet d’aubaine mais, lui, revendique un véritable choix éditorial. Pour Edouard Zambeaux, il s’agit de projets journalistiques personnels. Eric Valmir a lui aussi insisté sur le fait que c’est un choix avant tout humain et personnel. Il s’agit bien de projets portés par des journalistes isolés dans les rédactions, sauf dans le cas de l’Humanité où la rédaction a fini par adhérer au projet, mais qui n’a jamais fait l’objet d’un reportage chez un de ses confrères. »

 

Ecouter l’atelier :

 A lire : l’article de deux jeunes ayant assisté à l’atelier pour la page Libres Echanges de l’Humanité

 

 

Le fil de Tours

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